Les nerfs à vif

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Ce matin, les premiers pleurs à 5 heures, tu ne les supportes pas. Ce matin, la fatigue te fait mal. Le lait que tu renverses sur le plan de travail en préparant les biberons fini de te convaincre que ce matin, tu n’y arriveras pas. Tu n’arriveras pas à demander aux enfants s’ils ont passé une bonne nuit, tu leur prépareras le petit-déjeuner sans dire un mot, et c’est toujours sans dire un mot que tu leur poseras sur la table. Tu n’arriveras pas non plus à être douce dans tes gestes, et tu habilleras les plus petits un peu trop brusquement. Ce matin, tu le sais, tu peux déraper. Surtout ne parler à personne pour ne pas laisser l’agressivité s’exprimer. Ce matin, tu n’est qu’impatience et intolérance. Et dire que tu racontes à tout le monde que tu essaies d’appliquer la pédagogie positive. Ça te donne la gerbe rien que d’y penser. Ce matin, les hurlements en stéréo des jumeaux qui refusent catégoriquement qu’on leur mette un bonnet te font vaciller, comme la vue de ton café resté dans le micro-ondes, et qu’encore une fois tu ne boiras pas. Ce matin, tu déposeras les jumeaux plus tôt que d’habitude, pour te retrouver seule dès que possible. Tes mâchoires crispées prononceront un au revoir à peine audible. Dehors, le froid glacial te fait du bien. Tu respires à plein poumons cet air qui te manquait tant il y a encore quelques minutes. La sensation d’étouffer s’estompe un peu. Sur le trajet de la crèche, tu remonteras plusieurs fois la couverture sur les nez gelés de tes bébés, tu compteras avec eux les pigeons et les avions, tu chanteras même quelques chansons. C’est en les laissant derrière la porte après les avoir embrassé un peu plus fort que d’habitude que tu as su que la tempête était passée.

12 commentaires sur “Les nerfs à vif

  1. Je n’ai pas encore d’enfants. J’ai le fils de mon copain une semaine sur deux…Hier j’ai eu mes deux nièces en plus…Quand mon copain est arrivé je lui ai dit que j’étais tellement admirative des mères qui avaient plusieurs enfants. On parle souvent de l’amour que ça donne, ça se multiplie, les grandes tablées, les supers Noëls, mais on oublie aussi tout le travail que c’est à côté. Alors franchement félicitations, vous faites partie des wonder mum!

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  2. Je les connais bien ces matins, quand tu les lâches chez la nounou en te mordant les lèvres pour ne pas dire « Bon débarras ! »
    Sinon, j’essaie aussi d’appliquer la pédagogie positive 😉

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  3. Humeur de ce vendredi matin: Coeur gros, nerfs à vif, boule dans la gorge, pleine de larmes mais un peu soulagée de vous lire et de découvrir jour après jour vos articles qui font écho exactement à ce que je ressens.
    Les jumeaux n’ont que 2mois et demi mais m’en font déjà baver. Ce matin moi aussi je n’arrive pas à desserrer la mâchoire et à sourire (pourtant depuis 15min tout est calme et silencieux, ma fille s’est endormie d’elle même sur le tapis d’éveil et mon fils dans mes bras [apparemment le seul endroit où c’est possible]).
    La culpabilité aussi de leur en vouloir et de ne pas en profiter (je perds pieds et n’y arrive pas… trop de fatigue, pas assez de sommeil, trop de pleurs inconsolables, trop de trop… pourtant je les aime à en creuver).
    Vivement ce soir que papa prenne un peu le relais.
    (Attention déclaration type groupie: MERCI MERCI MERCI pour votre partage d’expérience, votre optimisme, vos encouragements, on a dû vous le dire 100 fois mais on rêve toutes d’avoir une amie comme vous et de vous rencontrer, ça ne coûte rien d’espérer 😊).
    Pardon pour ce post trop long et déprimant mais ça fait du bien de vider son sac
    Ludivine

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    1. Merci beaucoup de ce message qui me touche beaucoup. Trop de tout ici aussi cette semaine, et les twins que je jette littéralement en larmes à l’école parce que je dois assurer les réunions de boulot trop matinales … bref, encore de la culpabilité, de la fatigue et une boule au ventre ces derniers jours, mais maintenant je sais que ça ne dure pas, que le rythme s’apaise et que l’épuisement n’est toujours que passager. Bon courage pour ce petit moment creux, le haut de la vague est juste là, derrière, très bientôt, je te le promets ! Merci

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