Lettre à mes filles

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Bonjour les filles, c’est maman,

Comme je l’ai fait avec vos frères il y a quelques temps, j’aimerais vous faire part de mes petites recommandations de parent.

Sachez pour commencer que malheureusement, naître fille vous demandera toujours un peu plus d’efforts que la moyenne. Alors sans pour autant faire son entrée bave aux lèvres et prête à en découdre, pensez à toujours garder la tête haute et le regard fier. Sans s’en rendre compte, les filles ont parfois tendance à baisser un peu les yeux, à ne pas faire trop de bruit, à ne pas prendre trop de place. C’est une bêtise. Prenez toute la place dont vous avez besoin, sans pour autant marcher sur les pieds du voisin. Parlez fort aussi, et répétez plus fort encore tant qu’on ne vous aura pas entendue. Vous verrez, il arrive parfois qu’à décibel égal, votre propos compte moins que celui d’un autre. Alors répétez plus fort, répétez encore, donnez votre avis, insistez, argumentez, réagissez. Votre opinion compte, malgré toutes les fois où l’on vous fera croire que ça n’est pas le cas.

Je ne vous apprends rien, on vous jugera d’abord sur l’apparence. Une petite fille en a conscience dès ses premiers pas. Mais faites attention, on ne gagne pas toujours à ce jeu-là, et vouloir plaire à tout prix coûte cher. Demandez-vous toujours si ça en vaut la peine.

Autre chose, si vous n’en avez pas envie, ne souriez pas. Si le sourire de politesse est indispensable pour évoluer sereinement en société, le sourire de Miss Hauts-de-France, on peut s’en passer, je vous l’assure. Par contre, le vrai sourire, celui qui ne se commande pas, celui qui illumine votre visage, celui-là, il faudra l’utiliser tout le temps. Et votre rire aussi, n’oubliez pas d’utiliser votre rire. Riez de toutes vos dents, souvent, intensément… J’espère que vous rirez toute votre vie. Et je peux vous le dire à vous les filles, le rire a un pouvoir magique. Il a le pouvoir de transmettre le bonheur tout autour de vous. Utilisez-le, il est précieux.

Peut-être que parfois, on s’entendra moins bien. Peut-être qu’il arrivera qu’on se blesse avec des mots maladroits. Certainement que vous ne me trouverez pas à la hauteur, agaçante, voire carrément chiante. Sachez que je ne vous en voudrais jamais pour ça. Et rappelez vous que vous ne me devez rien. Je vous ai nourries, changées, nettoyées, shampouinées, épouillées, soignées, cajolées, choyées et engueulées, mais c’est le rôle de tout parent. Ne vous sentez pas redevable, et allez de l’avant. C’est moi qui vous doit tout, vous êtes les plus grands bonheurs de ma vie après tout.

Bien sûr, je vais tout faire pour que vous ayez toutes les cartes en main pour que vous trouviez le job de vos rêves. Je serai là pour les devoirs, pour glisser un porte-bonheur dans votre cartable les jours d’examens, pour vous serrer dans les bras au moment des résultats, mais n’oubliez pas que votre avenir est seulement entre vos mains… Donnez-vous la chance de pouvoir choisir. Carrière brillante, job alimentaire, mère à plein temps ou intérimaire… Toutes les cases sont honorables, mais choisir sa voie plutôt que la subir a toujours meilleure saveur, alors donnez-vous les moyens d’aller toujours plus loin, et rappelez-vous bien que je suis toujours là, juste à coté, en cas de besoin.

Plus tard, j’espère que vous aurez des enfants. Pas trop tôt hein, vous avez tellement de choses à vivre avant de devenir mère. Pour ma part, très égoïstement, j’aimerais avoir des tas de petits-enfants. Mais je veux que vous sachiez que si vous n’en voulez pas, jamais je ne jugerais votre choix. J’ai choisi ma vie, je vous laisserai choisir la vôtre. Pas de mariage, 1 mariage, 2 mariages ou plus. Sentez-vous libre de faire ce que vous voulez, attention tout de même à ne pas trop vous abimer. Et une fois l’amour trouvé, ne pensez pas que tout est gagné. Chaque jour est une petite victoire, chaque jour mérite qu’on se batte pour faire durer son histoire.

Sachez que toujours, vous m’entendez, TOUJOURS, je serai de votre coté. Même quand vous ferez les mauvais choix, même quand vous irez là où il ne faudrait pas. Soyez-en sûres et certaines, maman sera TOUJOURS là.

Allez, dernière recommandation avant de vous laisser tranquilles : je sais qu’on en demande beaucoup aux filles. De tenir son rang, de rester à sa place, de s’habiller correctement, de ne pas reprendre de la glace… La liste est sans fin, et des remarques vous en entendrez toute votre vie, alors le jugement dans le regard de l’autre, essayez chaque jour de vous en affranchir. Il faudrait être une bonne fille, une bonne épouse, une bonne mère… Bien sûr vous saurez le faire, bien sûr que les épaules des femmes sont assez fortes pour supporter toute cette pression, mais s’il vous plait de temps en temps, soyez aussi légères que l’air, dansez en culotte sur la dernière playlist Deezer, apprenez à ouvrir une bière avec les dents, chantez très fort, soyez vulgaires, racontez des blagues pourries, mettez des chaussures vernies, sortez boire des mojitos, déguisez vous en icône disco, oubliez l’heure, allez dormir ailleurs… Être une fille n’oblige à rien, à rien du tout ! Ne l’oubliez pas, je compte sur vous !

Love you girls

Maman

63 commentaires sur “Lettre à mes filles

  1. J’adore ! C’est émouvant, sincère, vrai. Exactement ce que j’aimerai dire à ma fille quand elle aura l’âge de comprendre.
    Merci pour ce texte si intense.

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  2. Et tu le leur a dit tout ça à tes filles ? A la plus grande peut-être ? (Sauf les mojitos ! Quoique..) Non mais sérieusement hein 😉
    Sinon certains passages me font penser à un poème lu ado, et je m’étais dit « c’est cette maman que je veux etre plus tard ! ». (Je ne sais pas s’il est connoté catho, je ne crois pas…)
    Merci de nous faire partager tes belles idées !

    « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même,
    ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.

    Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées, car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes, car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves. Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous. car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.

    Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés. L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin. Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ; car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable.

    Khalil Gibran (extrait du recueil Le Prophète) »

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  3. Ta lettre est émouvante et pleine d’amour mais surtout… Elle sonne juste !
    Tes craintes, tes encouragements, tes recommandations… Tout est juste. J’y retrouve d’ailleurs moi même des éléments qui m’interpellent déjà pour le jour où j’aurais éventuellement une fille (ne pas baisser les yeux 😉 ).
    Elle dit aussi ce qui n’est jamais assez dit : l’amour et le soutien indéfectible d’un parent. Elle rappelle enfin ce qui est trop souvent oublié : les enfants n’ont pas de dette envers leurs parents.
    En filigrane j’y vois aussi la responsabilité de notre génération de parents.
    Bravo pour cette lettre 😉

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  4. C’est encore moi…
    Mon père m’avait dit qq chose d’assez semblable.. En somme que je n’ai aucune dette envers lui, qu’il a joué son rôle de parent. Mais que ce qu »il m’a apporté, je le dois à mes propres enfants (à l’époque je n’avais pas d’enfants). Il a mis la barre très haut, mon père est exceptionnel😊

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  5. Comme j’aime cette façon de voir les choses… Ma fille de 7 ans est hyper indépendante, pas fifille pour un sous, préfère grimper aux arbres que parler fringues… Et que je l’admire pour ça ! J’espère qu’elle gardera cette indépendance vis-à-vis des diktats de la société et du regard des autres ! Bravo à toi et merci pour ce beau billet. Une nouvelle fois !

    Bises
    Virginie

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  6. Ton article m’a beaucoup émue.
    Si je devais écrire à ma fille je pense que je lui transmettrais les même messages.
    On a parfois du mal a exprimer ce qu’on voudrait dire a ses enfants à l’oral, et je trouve génial que tes filles puissent avoir un jour l’occasion de te lire.

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  7. J’adore. Filles ou garçons, au fond c’est la même chose. Nos enfants ne nous appartiennent pas, nous devons les accompagner sans les juger et les aider quand ils en font la demande. Pas simple d’être parent ! Et je suis sûre que tu es une maman formidable 😉

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  8. Emouvant et tellement juste. J’espère moi aussi arriver à transmettre cela à mes filles (bizarre de dire mes filles au pluriel j’ai appris juste la semaine dernière que bébé n°3 sera une fille)
    Merci pour ce post.

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  9. Bonjour, je viens ici pour la première fois, et j’adore ce billet. Maman de deux grandes filles (17 (presque presque 18 !!) et 20 ans) j’espère que leur père et moi les avons élevées avec ce regard et cette philosophie. Etudiantes toutes les deux, chacune dans son petit appartement, je crois qu’elles ont déjà pris ce chemin de liberté dont tu parles.
    Merci pour ce billet qui me fait prendre conscience de ça.

    Aimé par 1 personne

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