
Ce fut une semaine qu’on qualifiera d’instable, à l’instar des humeurs de la mère. Ça a commencé dès lundi matin avec le sms de Mme Cachetajoie, l’instit des CP 4, sournoisement balancé à 8.32, prévenant de son absence du jour et recommandant si possible de garder l’élève, élève que la mère avait déposé à 8.30 puis rattrapé in extremis par la capuche à 8.33 afin de le ramener à la maison. Montagnes russes émotionnelles pour le môme, celui qui est hyper à l’aise sur le concept de racine carré mais beaucoup moins sur celui de l’imprévu. C’est souvent le cas pour les enfants « comme ça », m’a dit ma voisine, celle qui a fait 1 an de psycho à Nanterre. Bref, l’enfant fut un peu paumé, mais a vite su tirer profit de la situation. Sa journée serait entièrement consacrée à construire un truc géant sur Minecraft vu que ses parents, télé-travaillant, auraient autre chose à foutre que de s’en occuper.
Jour 2, Mme Cachetajoie récidive. Re-texto a 8.32, re-rattrapage de capuche, re-Minecraft à volonté. La mère soupçonne très vite une faille personnelle chez Mme Cachetajoie, qui prendrait corps dans ce refus d’anticipation. Elle aussi a fait psycho à Nanterre.
Le môme lui commence à trouver ça sympa. La mère beaucoup moins, surtout quand la petite dernière a décidé de brailler sévère en réalisant que son frère jumeau vivait sa meilleure vie en pyj à la maison pendant qu’elle devait de son côté se cogner l’ apprentissage du son oi et du riz pilaf.
Jour 3, tu me crois si tu veux, Mme Cachetajoie refait la même. Même texto, même timing, même galère. C’est maintenant une certitude, cette instit ne va pas bien, mais la mère décida pourtant de ne pas s’agacer. Elle préféra attendre les annonces officielles de Jean-Mi, prévues en jour 4, celles qui à coup sûr rebattraient à nouveau les cartes de son organisation familiale. Il faut toujours en garder sous le pied, lui disait mémé. La mère sait pertinemment que le combat se gagnerait sur la durée.